Née en 1942 dans une famille aisée du Panama, Sandra Eleta part pour New York en 1958 où elle étudie l’histoire de l’art, au Finch College, ainsi que la photographie auprès des artistes américains Ken Heyman (né en 1930) et George Tice (né en 1938) à l’International Center of Photography. Elle suit également des cours à la New School for Social Research.
Après son séjour à New York, elle retourne en Amérique centrale, où elle enseigne la photographie à l’Université de Costa Rica jusqu’en 1974, avant de revenir au Panama. Cette même année, elle s’installe dans une petite maison de la ville de Portobelo, située sur la côte caribéenne du Panama, et réalise, entre 1976 et 1981, une série d’essais photographiques sur la vie de ses habitant.e.s. Ces clichés, qui constituent sa série la plus importante à ce jour, sont le résultat d’une relation de confiance qu’elle établit avec la population. C’est avec ces images, toutes en noir et blanc et dans leur format carré caractéristique, que naît l’identité photographique de Sandra Eleta.
Dans les années 1970, elle produit également plusieurs séries photographiques d’envergure, dont La Servidumbre [La servitude, 1975-1989], Las Campesinas [Les paysannes, vers 1976], Emberá: Hijos del Río [Emberá : les enfants du fleuve, 1998]. La
Servidumbre met en scène deux générations de serviteurs dans de riches demeures en Espagne et au Panama. Sandra Eleta y explore la relation de ces hommes et de ces femmes à la servitude en les photographiant dans leur rôle effectuant leurs tâches quotidiennes ou posant fièrement face à elle. Las Campesinas, retrace les efforts d’une mère et ses deux filles, récemment installées dans une vallée aride de la côte Pacifique, et qui tentent de survivre et de faire prospérer la terre sur laquelle elles vivent. Emberá: Hijos del Río, est une série de portraits sur le peuple nomade Emberá, originaire de Colombie et déplacé par la colonisation espagnole. Sandra Eleta les photographie en relation avec leur environnement et notamment l’eau, élément central de la culture Emberá.
Engagée dans la vie locale de sa ville et de son pays, Sandra Eleta s’associe en 1984 à l’écrivain Edgar Soberón Torchia et au cinéaste Anselmo Mantovani pour réaliser un court métrage intitulé Sirenata en B, qui raconte la vie des Panaméens et Panaméennes dans les années 1970 à travers le regard d’un chauffeur de bus. Dans les années 1970, elle fonde le Grupo Portobelo, un groupe d’artistes exclusivement féminin. En 1993, sous son impulsion, l’artiste Yaneca Esquina et l’artiste et chercheur Arturo Lindsay (né en 1946) créent le Taller Portobelo, une coopérative artistique dédiée à la préservation de la culture panaméenne et à l’amélioration économique de Portobelo. Elle préside la Fondation Portobelo Bay dont le rôle est de promouvoir l’art Congo, la culture afro-caribéenne du Panama, et de mettre en valeur l’artisanat, l’éducation, la musique, la danse, et tous les fondamentaux de la culture Congo. Grâce à cet engagement, la photographe a permis à cette petite ville de rayonner dans toute l’Amérique centrale, l’Amérique latine et aux États-Unis.
COLLECTIONS :
Museo de Arte y Diseño Contemporáneo, San José, Costa Rica
Musée d’Art Contemporain, Panama
Bibliothèque nationale de France, Paris
Musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou, Paris
Museo Nacional de Bellas Artes de Buenos Aires, Argentine Museo de Arte Moderno de Mexico, Mexico
EXPOSITIONS :
2018 – Dream of Solentiname/Sueño de Solentiname, New York’s University 80 WSE Gallery/ Museo Jumex, Mexico City
2017-2018 – Radical Women : Latin American Art, 1960-1985, Hammer Museum, Los Angeles / Brooklyn Museum, New York / Pinacoteca de São Paulo, Brésil
2013 : Perceptive Strokes : Women Artists from Panama, Cultural Center of the Inter American Development Bank in Washington D.C
2012 : Caribean : Crossroads of the World, Queens Museum of Art and The Studio Museum, Harlem / Pérez Art Museum, Miami, Etats-Unis
2010 : Retrospectiva fotográfica, Museo de Arte Contemporáneo, Panama City
BIBLIOGRAPHIE :
Une Histoire Mondiale des Femmes Photographes, Luce Lebart et Marie Robert, Editions Textuel, Paris, 2020
Sandra Eleta, The Invisible World, Editorial RM, Mexico City, 2018
Sandra Eleta, Darién, Libro de viaje, Programa de las Naciones Unidas para el Desarrollo (PNUD) and Autoridad Nacional del Ambiente
(ANAM), 2005
Sandra Eleta, El abuelo de mi abuela, Ciudad del Saber, Panamá, 2004
Sandra Eleta, Portobelo, Editorial Fotográfica La Azotea, Buenos Aires, Argentine, 1985
Sandra Eleta, Nostalgia del futuro, Editorial Germán Schultz, Alemania, 1982
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