La Galerie Agathe Gaillard présente son exposition collective de l’été, La Passeggiata, qui a lieu du 27 juin au 6 septembre. Fiona Sanjabi, commissaire de l’exposition, propose une déambulation photographique dans l’espace de la galerie à la manière de la traditionnelle passeggiata, promenade, dans les villes italiennes.
Il s’agit de rencontrer des univers artistiques qui explorent les thèmes du passage, de la transition, de la mouvance, du chemin, mais également le passage d’un médium à un autre. Les artistes exposés sont à la fois des photographes historiques tels que Manuel Álvarez Bravo, Colette Urbajtel, Edouard Boubat, Jean-Philippe Charbonnier ou Marc Riboud, mais également, et surtout, des photographes contemporains venus du monde entier : Emmanuelle Bousquet, Vanni Burkhart, Valera Gaia, Fiona Mackay, Maria Elena Bonet, Sergey Tabunov, Sergey Neamoscou, Christoph Speiser, Sean Lotman…
Le passage d’un médium à un autre
L’exposition propose notamment les oeuvres de Jean-Michel Fauquet, qui transcende le médium photographique et explore dans ses sujets une évanescence poétique et littéraire avec des tirages argentiques rehaussés à l’encre.
La photographe biélorusse Maria Elena Bonet offre un univers onirique et des tirages faits à la main à la manière d’une artiste peintre.
La Passeggiata se trouve aussi dans les péré- grinations entre la vie et la mort d’Annabel Aoun Blanco, artiste vénézuelienne-libanaise, qui cherche la représentation de l’âme dans la photographie et la vidéo. Ces oeuvres font écho à l’exposition de l’artiste au Musée Réattu intitulée Éloigne moi de toi.
Les liens entre le cinéma et la photographie sont représentés à travers les oeuvres de Sergey Tabunov. Le directeur de la photographie pour le réalisateur russe, Rustam Khamdamov, expose des tirages extraits de The Bottomless Bag, son dernier film sorti en 2017, fable visuelle et mys- tique à l’époque du Tsar Alexandre II.
Les réseaux sociaux sont bien sûr représentés avec le jeune artiste russe, découvert sur Instagram, Sergey Neamoscou, qui traite la photographie argentique couleur dans l’interstice entre la sérénité et l’angoisse, ou encore Georges Hentschel, qui plonge le spectateur dans les tourments d’un cheminement chaotique à la croisée de la photographie et du dessin.
Sean Lotman, artiste américain, habitant à Kyoto, raconte les subtilités du Japon avec sa palette de couleurs psychédéliques, travaillée à la chambre noire.
Enfin, l’artiste Miho Kajihoka, explore la possibilité d’une vision circulaire du temps où l’image se désincarne pour laisser place au songe.
L’esthétique de La Passeggiata
La Passeggiata est une exposition qui se lit comme une promenade dans un conte enchanteur mais elle est aussi un manifeste où ce qui est montré n’est jamais figé et offre à chaque rencontre visuelle la possibilité d’un ailleurs. Elle est hors des frontières, hors du temps et traite de sujets symboliques et fondamentaux. Le spectateur y est amené à réfléchir, méditer ou rêver.
Fiona Sanjabi