La Galerie Rouge présente du 25 septembre au 15 novembre 2020 l’exposition collective «Correspondances » qui s’intéresse aux œuvres d’artistes utilisant la photographie associée à d’autres disciplines telles que la peinture, le dessin, le cinéma, la littérature, la vidéo, la performance.
Manuel Álvarez Bravo et le cinéma
Sur le carton d’invitation figure la capture d’écran d’un excercice de cinéma de Manuel Álvarez Bravo, d’une durée d’une minute et trente secondes, un inédit en couleurs qu’il réalise chez lui avec son épouse Colette Urbajtel, et son amie, Graciela Iturbide. Dans cet extrait, on retrouve les principales inspirations de l’artiste et son univers visuel.
On dévoile le lien primordial entre le travail photographique de Manuel Álvarez Bravo et le cinéma, qui fut une obsession pour lui dès les années 1930.
(…) dans les carnets de Manuel Álvarez Bravo, qui montrent que son intention esthétique cinématographique n’ était pas très éloignée de sa photographie. Ses scénarios témoignent de l’ influence de la conception du montage d’Eisenstein mais aussi de la dissonance des images choquantes de Buñuel : Álvarez Bravo veut raconter en se servant uniquement des images. Dans les petites expériences cinématographiques que fait Álvarez Bravo au cours de la sixième décennie de sa vie, il saisit les images qui l’ob- sédaient depuis les années 1930 – les mannequins, les enseignes, les chiens, les marcheurs – mais en couleurs et en mouvement.
Citation tirée de l’exposition rétrospective de Manuel Álvarez Bravo au Jeu de Paume, du 16 octobre 2012 au 20 janvier 2013.
Édouard Boubat, la photographie, l’aquarelle, le dessin
Aussi, on apprend qu’Édouard Boubat, passionné de peinture et de littérature utilisait parfois l’aquarelle ou le dessin sur ses photographies, et bien sûr la poésie, qui faisait partie de sa démarche.
Photographie, peinture, sculpture, dessin, performance
Les artistes contemporains et établis sont également à l’honneur, tels que Jean-Michel Fauquet qui travaille la peinture, la sculpture, le dessin et la photographie ou encore Gilles Delmas, qui s’intéresse au mouvement sous toutes ses formes, inspiré par la danse dans ses photographies, ses dessins, ses films. Ici, les arts se côtoient au sein d’une même œuvre. De son côté, Alexandre de Mortemart, nous présente un extrait d’une série inspirée du film noir et François Delebecque nous fait découvrir ses sculptures photographiques.
Enfin, seront à l’honneur les univers d’Annabel Aoun Blanco et d’Emmanuelle Bousquet. Annabel, qui après son exposition au Musée Réattu d’Arles, continue sa recherche sur la pho-tographie, la vidéo, et l’utilisation de techniques diverses pour créer ses visages fantomatiques «apparitions – disparitions». Emmanuelle, petite nièce du créateur de Cacharel, se met en scène et qui désormais coud sur ses tirages avec en avant-première une œuvre de sa série Haute Couture.
Les procédés alternatifs de tirage
Les procédés alternatifs de tirage inscrits dans l’histoire de la photographie sont explo- rés grâce au travail de Jean-Pierre Evrard, de Hiro Matsuoka, ou encore de la jeune artiste biélorusse Maria Elena Bonet, qui travaille la photographie et le tirage à la gomme bichro- matée, le cyanotype, mais aussi la peinture, l’illustration et la vidéo. On découvre par ail- leurs les univers de Sean Lotman et de Ariko Inaoka, couple d’artistes, vivant tous les deux au Japon et spécialistes du tirage argentique couleurs, associé à un travail d’écriture ou d’édition de livre. Ariko Inaoka a suivi durant plusieurs années des jumelles en Islande dont elle tire une série photographique et un livre “Eagle and Raven” ainsi qu’une exposition qui aura lieu au musée de Reykjavik.
La photographie et les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux et les changements qu’ils impliquent dans la discipline de la photographie seront également abordés à travers le regard de l’artiste franco-israélienne Jennifer Abessira. Sa démarche artistique fait désormais partie de l’étude de Hagi Kenaan, « The Photography and its shadow » une recherche publiée par l’Univer- sité de Stanford qui explique les transformations majeures dans l’histoire de la photographie. L’artiste est d’ailleurs invitée par La Galerie Rouge pour une carte blanche sur Instagram.
« Nous rêvons les mêmes rêves ensemble», me dise les jumelles. Cette seule phrase me revenait encore et encore, devenant un leitmotiv de ce projet. Lorsque nous nous connectons harmonieusement à quelque chose – la nature, les animaux, les humains et les étoiles – nous faisons ensemble le même rêve. »
Phrase extraite du texte de Ariko Inaoka
La Petite Nef
Kai 海 : Les abysses par Christoph Speiser
La petite Nef de la galerie dévoile le travail de Christoph Speiser, une installation intitulée Kai, idéogramme japonais qui possède différentes significations et dont Christoph nous parle :
Kai est un idéogramme japonais qui possède différentes significations. Celles qui m’ont intéressées se réfèrent à l’océan, l’inconnu, l’obscurité.Les tirages de cette série émergent de l’alliance de l’encre et de la lumière.
Le point de départ de ce travail est un certain état d’esprit, silencieux et attentif. Semblable à mes observations d’enfant, regardant la vie et la mort dans une flaque d’eau, après la pluie, ou bien, au travers d’un microscope. La beauté des structures organiques toujours changeantes, éphémères, universelles, m’emmènent éternellement dans un état contemplatif. Cette série met l’accent sur la simplicité et son infini avec pour ambition que ces images créent une présence absente, dans laquelle l’approche intellectuelle du visuel s’annihile le temps du regard.